Retour de Terre Sainte par le père Zdzislaw.
Je ne veux pas vous raconter les détails de notre pèlerinage mais juste partager quelques pensées qui me sont venues après notre retour :
Nous sommes tous en route vers … certains vers quelque chose, les autres vers quelqu’un. Notre séjour en Terre Sainte m’a montré que nous sommes des pèlerins. Nous voulons bien être enracinés quelque part, mais au fond de nous il y a une inquiétude, un désir d’aller plus loin, seul ou avec quelqu’un. Découvrir, connaitre, vivre et ce qui est le plus formidable : d’être aimé. La Terre Sainte, malgré tous les malheurs qui y sont présents, c’est une grande manifestation de l’amour de Dieu. Tout d’abord l’amour de Dieu (on peut se poser la question pourquoi Il est né là-bas), et après, l’amour des hommes qui y habitent.
Je pense que trop souvent nous croyons que le centre du monde est où nous sommes. En conséquence nous faisons de nous le point de référence de tous ce qui se passe autour de nous, mais le centre de ce monde est ailleurs, sûrement en dehors de nous. En Israël, j’ai compris que le centre du monde n’est pas un endroit où nous vivons et où nous voudrions vivre. Ce n’est pas quelqu’un avec qui je vis, même si c’est très juste, mais ce centre, c’est LUI, autour duquel le monde tourne. La « logique » de certains qui se disent : « je ne crois pas en Dieu, Il n’existe pas », est beaucoup trop simple. Mais s’il existe … ça change tout. La où nous étions, il suffit de fermer les yeux pour Le voir (si non on ne verra que les Israéliens et les Palestiniens ou encore les autres qui se détestent), ou sentir Sa présence. Pendant plusieurs années, le centre de ce monde était en Galilée, parce que là-bas Il a vécu. Non pas à Rome, pas en Egypte, ni à Jérusalem. Le centre de ce monde n’est jamais où on croit.
Pour mettre les choses en ordre dans notre vie on n’a pas de choix. Pourquoi pas Le laisser entrer petit à petit à Sa place, c’est-à-dire dans nos cœurs ? Pourquoi ne pas Le laisser nous trouver, nous guider ? Notre état de vie, nos pauvretés, nos recherches, nos questions, même les plus violentes, nos blessures, enfin nos péchés ne sont plus des obstacles, car Il nous voit autrement. Il nous voit tels que nous sommes vraiment en tant que fils et filles de Dieu. Cela ne fait pas du mal quand on le découvre, cela libère puisque nous ne sommes plus obligés de jouer quelqu’un que nous ne sommes pas.
Est-ce qu’il faut aller en Terre Sainte pour comprendre la vie ? Oui et non.
Oui, parce qu’en s’éloignant de chez nous, nous quittons le monde qui nous assure, nous donne une certaine stabilité et là-bas nous sommes confrontés avec tout ce que nous n’attendons et ne voulons pas.
Non, puisque on peut faire de Lui le centre de notre vie là où nous sommes, où nous vivons. Mais avons-nous le courage de le faire ? Il faut aller au minimum une fois dans sa vie en Terre Sainte. Non pas pour voir le maximum de choses en peu de temps (c’est comme même assez cher), mais pour découvrir avec ses propres sens quelque chose d’important au sujet de Dieu : que l’histoire du monde c’est l’histoire de la relation entre Dieu et les hommes ; que Jésus en arrivant sur la terre nous a montré que l’homme pour qu’il vive avec Dieu, n’est pas obligé de nier son humanité ou de montrer qu’il est un ange et donc non corporel. L’homme possède un seul chemin vers la sainteté : c’est notre vie quotidienne, ordinaire, difficile et rien de spécial. Nourriture, boissons, rencontre, Eucharistie. Jésus vient sur cette terre d’une façon discrète, sans pub, fanfare, vite, presque invisible et contre toutes les attentes. Jésus n’avait pas au dessus de sa tête une inscription : je suis un Dieu. Pendant des siècles, Dieu a essayé d’expliquer qu’Il n’est pas l’un de Dieu, mais Il est le Dieu Unique, et nous, nous avons le choix : soit de croire en Lui, soit de rester seuls pour l’éternité. Dans le monde crée par Dieu qu’il vivifie par son Esprit, on ne peut pas lui donner certains « terrains », ne lui donner la parole que dans certains lieux tels que dans l’église. Dans la rue, à l’école, on ne peut pas séparer la foi des activités politiques, économiques, scientifiques. A Jérusalem, il faut y être pour toucher l’endroit duquel le Christ nous a quittés. Sentir sur sa propre peau que la terre ne sera jamais notre maison.
Mais pout tout cela, est-ce qu’on a suffisamment de curiosité et d’humilité pour rencontrer le Dieu vivant ? Est-ce qu’on a le courage d’abandonner la logique de ce monde qui nous dit qu’il faut avoir toujours les réponses logiques et les arguments solides pour justifier notre foi ?