« Que l’adoration soit le lieu où nous laissons le Christ configurer notre cœur au sien. » Certains l’ont compris, le précédent édito et celui-ci ont pour objet de nous introduire dans la pratique de l’adoration du saint Sacrement. A partir du mois de janvier nous pourrons vivre de manière plus régulière ce temps de rencontre intime avec le Christ.
Cette semaine, nous entrons dans le temps de l’Avent qui nous prépare à accueillir l’Enfant Jésus, Dieu fait Homme, Dieu qui se révèle. La méditation du mystère de l’Incarnation nous aide à comprendre ce qui se passe dans le face à face vécu au cours de l’adoration. Le Curé d’Ars s’exprime ainsi au sujet de la venue du Christ : « Lorsque Dieu voulut donner une nourriture à notre âme, il promena ses regards sur la création et ne trouva rien qui put rassasier cette âme. Alors il se replia sur lui-même et résolut de se donner lui-même en nourriture à cette âme. La nourriture de l’âme c’est le corps, le sang, l’âme, la divinité de Notre Seigneur Jésus Christ. » Notre corps se nourrit de substances corporelles, mais notre âme, elle, doit se nourrir de la divinité même du Christ. L’adoration nous permet cet échange. Dieu a envoyé son Fils pour nous conduire en sa demeure. La venue du Christ s’inscrit dans le projet d’amour de Dieu qui veut que nous vivions à ses côtés et que nous participions de sa divinité. C’est pourquoi Il ne cesse de vouloir que nous soyons semblables à son Fils, l’homme véritable. Le Saint Sacrement exposé est comme le soleil. Lorsque vous déposez un objet en plein soleil pendant une longue durée, vous observez qu’il perd progressivement sa coloration et qu’apparaît alors sa couleur originelle. Telle est l’action du Saint Sacrement sur notre âme. Son rayonnement dissipe les masques accumulés qui cachent l’image même de Dieu présente au plus profond de notre être. Au fil de ces rencontres, laissant le Christ illuminer notre âme, nous lui devenons semblables.
Si l’adoration est un lieu de configuration au Christ, c’est aussi une fenêtre qui ouvre sur le ciel. Avant la Passion du Christ, Philippe s’adresse à Jésus : « "Seigneur, montre-nous le Père et cela nous suffit." Jésus lui dit: "Voilà si longtemps que je suis avec vous, et tu ne me connais pas, Philippe? Qui m'a vu a vu le Père. » (Jn 14, 8) A travers cette Hostie consacrée, nous contemplons le Fils qui nous renvoie à son Père ; Il agit tel des binocles. Ceux qui partagent la joie de porter des lunettes comprendront que sans elles ils ne peuvent guère discerner ce qui se trouve devant eux. Il en va de même de notre âme. Elle n’est pas à même de voir le Père sans passer par le Fils. En regardant le Christ dans son Saint Sacrement, nous voyons le Père qui nous tend les bras. Oui, l’Hostie que nous contemplons, c’est Jésus qui s’offre à nos regards aimants. Alors, remplis de la joie de Noël, nous pourrons dire avec St Jean Chrysostome : « celui que nous voyons, les mages l’ont adoré quand il était dans une mangeoire ».
L.D