1 – Le Concile Vatican II a rappelé la nécessité de « travailler pour que s’affirme avec vigueur le sens de la communauté paroissiale, surtout dans la célébration commune de la Messe dominicale ». (Sacrosanctum concilium n° 42).
Pour beaucoup de gens, pratiquants ou pas, croyants ou non, c’est la messe du dimanche qui rend visible la paroisse. Jean-Paul II a rappelé récemment que la messe dominicale est « l’épiphanie de l’Eglise » (cf. Dies Domini n° 34).
L’une des tâches essentielles du curé est évidemment de présider l’Eucharistie du dimanche. Sauf empêchement de force majeure, l’Eucharistie doit être célébrée dans la paroisse chaque dimanche. Elle doit rassembler le mieux possible la population catholique de façon très ouverte. Elle s’efforce de rester en lien avec l’ensemble de la vie paroissiale.
2 - Il nous faut réagir contre une conception de l’Eucharistie qui fausse l’effort pastoral que nous cherchons. Trop souvent, le souci de permettre au plus grand nombre de satisfaire à l’obligation individuelle d’assister à la messe, aboutit à multiplier les messes. La messe devient alors une démarche individuelle, et la paroisse un self-service. Il faut oser dénoncer cette approche erronée de l’Eucharistie.
3 - L’Eucharistie dominicale est le rendez-vous que les chrétiens d’une paroisse se donnent pour célébrer, autour du prêtre, et grâce à son ministère propre, le Sacrifice du Christ au bénéfice de tout le peuple. La multiplication des messes, utile dans une certaine mesure pour permettre à plus de chrétiens de participer à l’Eucharistie doit toujours sauvegarder le sens d’une démarche commune. Les habitudes qui aboutissent à des petites assemblées juxtaposées et autonomes sur un même territoire paroissial, constituent un contresens. Tout ce que l’on pourra faire au contraire pour souligner l’unité de la démarche à travers plusieurs messes ou assemblées, sera précieux pour donner à voir et à vivre cette communauté de croyants célébrant l’Eucharistie.
Il est donc essentiel que cette Eucharistie soit riche de tout ce qui fait la vie de la communauté humaine qui célèbre. Préparer l’Eucharistie, ce n’est pas seulement choisir des chants ou des textes et se répartir des tâches d’organisation ou d’animation. C’est repérer les peines et les joies, les angoisses et les espoirs qui circulent dans la communauté et pourront devenir prières à des titres divers dans l’Eucharistie. C’est faire un premier partage de la Parole de Dieu telle que la liturgie la propose, repérer quelle image, quel mot, quelle idée résonnent dans la conscience des chrétiens, comme une lumière ou comme une question. C’est voir les méfiances, les tensions, les rancunes, les exclusions qui font obstacles pour célébrer en vérité le Corps du Christ, UN dans la diversité de ses membres.
5 - L’Eucharistie célébrée a toujours ses absents. La prolonger à travers une sonnerie de cloche, une feuille paroissiale, un geste de paix ou, dans certains cas, une hostie consacrée, doit être un souci constant. Les malades et tous les empêchés ne doivent pas se sentir oubliés par une célébration qui les concerne. Bien entendu, tout ce qu’on peut faire pour rassembler est important. Mais tout ce qu’on peut faire pour dire à ceux qu’on n’a pas pu ou su rassembler qu’ils restent membres de la communauté est aussi important. On le voit, il s’agit d’aider le plus grand nombre à participer le mieux possible à cette démarche communautaire qui est l’Eucharistie dominicale.
6 - Toutes les activités de la paroisse et tout particulièrement les services divers qui peuvent s’exercer dans la paroisse doivent trouver une certaine place dans cette liturgie eucharistique. On sait comment les messes des familles peuvent aider les communautés chrétiennes à accueillir et à accompagner les efforts faits par la catéchèse. La prière paroissiale est enrichie de tout le dynamisme de ce service. Chaque groupe, chaque mouvement et chaque service devraient considérer comme un devoir et un privilège d’apporter sa part originale au «pot commun » de la paroisse.
7 - La messe est d’abord accueil communautaire de la Parole de Dieu, écoute, partage, réponse. L’homélie fait partie du service pastoral essentiel. Il appartient au curé de « servir » la Parole à la communauté paroissiale, en étant attentif à ses besoins et à ses attentes. Les textes de l’Ecriture établissent un lien avec toute l’Eglise et ne doivent jamais être modifiés sans une raison pastorale sérieuse.
8 - Elle est aussi soumission à l’Esprit de Dieu qui, par le pain devenu Corps du Christ, fait de la communauté le Corps du Christ. Elle unit ainsi au Sacrifice du Christ la souffrance et le travail, l’amour et la prière des hommes et des femmes de ce territoire et de ce temps.
9 - La Messe est un envoi après avoir été un rassemblement. Quand la liturgie s’achève, quand la foule se disperse, la communauté devenue Corps du Christ, reste unie par l’Unique Esprit portant la mission de faire entendre la Parole qui met debout et l’Amour qui réunit.